Le fédéralisme de Proudhon ou Le contrat comme principe de société

Par Caroline Meijers, février 2022

Résumé: La pensée fédéraliste de Pierre Joseph Proudhon (1809-1865) englobe tous les aspects de l’organisation en société de la vie humaine. A commencer par les relations sociales, qui seront basées sur le principe du contrat. Grâce à celui-ci les contractants s’obligent réciproquement les uns envers les autres. En tant qu’anarchiste, Proudhon s’oppose à toute domination de l’Homme par l’Homme, et donc au principe de hiérarchie.

L’économie et le monde du travail devraient s’organiser selon ce principe, ce qui conduit à un mode d’organisation autogestionnaire. De fait, la propriété privée des moyens de production serait impossible, car contraire à l’idée du contrat bilatéral, qui exclu que l’un(e) des contractants tire plus d’avantages que les autres d’un travail effectué par plusieurs personnes.

L’organisation politique de la société répondrait aussi aux exigences du principe du contrat, et serait organisé du bas vers le haut : «Le contrat de fédération, dont l’essence est de réserver toujours plus aux citoyens qu’à l’Etat, aux autorités municipales et provinciales plus qu’à l’autorité centrale […] ».

Pour compléter son idée de l’organisation fédéraliste, Proudhon pensait qu’il fallait fonder les relations entres les Etats sur son idée du contrat bilatéral. Le but serait une fédération des fédérations, qui serait une garantie pour la paix dans le monde.

Au XIXème siècle, Proudhon critique notamment l’absence de démocratie économique, et le pouvoir absolu des entreprises, des banques, des possédants de terre et de capitaux. Il propose une « fédération agricole-industrielle »[1], une société qui a comme principe de fonctionnement le contrat[2]. Théoricien mal connu du fédéralisme politique[3], il étend l’idée du fédéralisme à la sphère économique. Au niveau sociologique, il propose une réponse originale et peu connue à la tension entre aspirations individuelles et exigences de la société, ou, autrement dit, aux exigences de la vie en commun.

L’importance de l’économie pour une société juste

Nous sommes à une époque où l’idée démocratique n’est plus à «conquérir » en tant qu’idée. Les monarchies absolues et les dictatures, d’un individu ou du « prolétariat », ne sont plus considérées comme étant des sociétés justes. Seul le modèle démocratique est un modèle défendable au 21ième siècle. Or, nous n’avons pas atteint « la fin de l’Histoire », les problèmes et les conflits actuels ne peuvent être résolus par nos systèmes démocratiques tels qu’ils sont.

Pourquoi ? D’abord, les systèmes politiques démocratiques sont loin d’être parfaits, et ont de nombreuses défaillances et imperfections. Mais il me semble que la plus grande défaillance des systèmes démocratiques actuels nous vient de l’absence d’une démocratie économique[4]. A son époque déjà, Proudhon a bien identifié ce problème :

« Si la production et la distribution de richesse est livrée au hasard, si l’ordre fédératif ne sert qu’à protéger l’anarchie capitaliste et mercantile ; si, par effet de deux classe, l’une de propriétaires-capitalistes-entrepreneurs, l’autre de prolétaires salariés ; l’une de riches, l’autre de pauvres, l’édifice politique sera toujours instable. En d’autres termes, il faut au droit politique le contrefort du droit économique[5] ».

La propriété

Proudhon, comme les autres penseurs socialistes ou anarchistes[6] de son temps, critique le fait que l’égalité[7] prônée par les idées de la révolution de 1789, n’existe pas dans les faits[8]. Il tente de chercher les causes de cette inégalité, et il trouve la réponse à cette question dans l’existence des droits absolus[9] à la propriété[10]. « Qu’est-ce que la propriété ? » est l’ouvrage de Proudhon qui a eu le plus d’influence pour le développement des idées socialistes : Marx l’a loué et s’en est inspiré pour ses thèses économiques.

Pourtant, et c’est le problème qui se pose pour bien comprendre celui qui écrivait cette phrase qui l’a rendu célèbre, « La propriété, c’est le vol [11]», Proudhon ne rejette pas la propriété en tant que telle. Ce que Proudhon rejette, c’est l’exploitation de l’homme par l’homme, car cette exploitation est contraire aux principes d’égalité et de liberté qui sont à la base de la révolution de 1789. Proudhon, pour lequel la liberté est le plus haut principe à respecter dans une société, admet aussi la propriété individuelle. Les personnes ne souhaitant pas se lier aux autres dans des ateliers autogérés, pourront continuer à avoir leurs ateliers ou petites propriétés foncières individuelles. Le principe que Proudhon rejette est celui de la domination, pas celui de l’individualisme. En cela, il représente un courant d’idées anarchistes dit « anarchistes collectivistes »[12], opposés à l’idée de communauté, à cause de leur tendance totalitaire[13], contrairement à Bakounine[14], qui était quant à lui opposé à l’idée des ateliers autogérés[15]. Car selon Bakounine ces coopératives ne seraient pas viables économiquement dans un système capitaliste, et donc fatalement absorbées par celle-ci. Cette question est d’une grande actualité!

Le contrat ou la réciprocité comme principe de fonctionnement de la société

Quelles sont les propositions de Proudhon pour atteindre son objectif, une société égalitaire et donc sans domination de l’homme par l’homme ?

Comme Proudhon est contre toute domination, et donc contre l’idée d’un gouvernement[16], du moins jusqu’en 1858, il cherche à remplacer le régime gouvernemental par l’auto organisation des forces économiques de la société[17], autrement dit, par une révolution sociale. « A partir de 1858, plus conscient de l’importance des relations politiques internationales, il poursuit sa critique de l’Etat centralisé, mais lui oppose, non plus la destruction des gouvernements, mais leur limitation dans un système fédéral[18]. »

Comme il ne veut pas définir les contours d’un système politique immuable[19], il cherche un principe de fonctionnement de la société[20]. Ce principe devrait être selon lui, le principe du contrat :

« Rousseau a dit vrai : Nul ne doit obéir qu’à la loi qu’il a lui-même consentie ; et M. Rittinghausen n’a pas moins raison quand il prouve en conséquence, que la loi doit émaner directement du souverain, sans intermédiaire de représentants. Mais où les deux écrivains ont également failli, c’est à l’application. Avec le suffrage ou vote universel, il est évident que la loi n’est ni directe ni personnelle, pas plus que collective. La loi de la majorité n’est pas ma loi, c’est la loi de la force ; par conséquent le gouvernement qui en résulte n’est pas mon gouvernement, c’est le gouvernement de la force. Pour que je reste libre, que je ne subisse d’autre loi que la mienne, et que je me gouverne moi-même, il faut renoncer à l’autorité du suffrage, dire adieu au vote comme à la représentation et à la monarchie. Il faut supprimer, en un mot, tout ce qui reste de divin dans le gouvernement de la société, et établir l’édifice sur l’idée humaine du CONTRAT. En effet, lorsque je traite pour un objet quelconque avec un ou plusieurs de mes concitoyens, il est clair qu’alors c’est ma volonté seule qui est ma loi ; c’est moi-même qui, en remplissant mon obligation, suis mon gouvernement[21]. »

Proudhon définit sa notion de contrat politique [22] :

«  Le contrat politique n’acquiert toute sa dignité et sa moralité qu’à condition 1e d’être synallagmatique ( […] il est synallagmatique ou bilatéral, lorsque les contractant s’obligent réciproquement les uns envers les autres[23] ) et commutatif ( […] il est commutatif lorsque chacune des parties s’engage à donner ou à faire une chose qui est regardée comme l’équivalent de ce qu’on lui donne ou de ce « qu’on fait pour elle[24]) ; 2e d’être renfermé, quant à son objet, dans certaines limites […] »[25].

De surcroît, les contractants, les individus, les associations de producteurs, les communes, les provinces et les Etats « se réservent individuellement, en formant le pacte, plus de droits, de liberté et d’autorité, qu’ils n’en abandonnent ». [26]

Comment l’idée du contrat aboutit au fédéralisme

Dès lors, comment, concrètement, organiser la société toute entière ? Puis même, et c’est encore plus ambitieux comme pensée, comment organiser l’ensemble des pays, pour garantir la paix?[27]

Selon Proudhon, « le problème politique […] consiste à trouver l’équilibre entre deux éléments contraire, l’Autorité et la Liberté. Toute fausse balance se traduit immédiatement, pour l’Etat en désordre et ruine, pour les citoyens en oppression et misère. […] Equilibrer deux forces, c’est les soumettre à une loi qui, les tenant en respect l’une par l’autre, les mette d’accord. Qui va nous fournir ce nouvel élément, supérieur à l’Autorité et à la Liberté[28], et rendu par leur mutuel consentement la dominante du système? – Le contrat, dont la teneur fait DROIT, et s’impose également aux deux puissances rivales. »[29]

Ce principe du contrat gère donc l’ensemble des rapports humains, et abouti concrètement à une société qui est organisée du bas vers le haut[30]: en bas, nous avons les familles[31] (Proudhon ne remet pas le patriarcat en question[32], et c’est l’une de ses grandes faiblesses), ensuite nous avons les ateliers de travail, coopératives ou mutuelles[33], organisés dans des fédérations agricoles-industrielles[34], puis les communes politiques, les cantons ou petits Etats autonomes, enfin l’Etat fédéral[35] ou la Confédération[36].

Il nous reste à définir le rôle de l’Etat fédéral ou plus précisément de la Confédération[37], qui a valu à Proudhon d’être considéré comme traître à l’idée anarchiste[38] :

« Dans une société libre, le rôle de l’Etat ou Gouvernement est par excellence un rôle de législation, d’institution, de création, d’inauguration, d’installation; – c’est, le moins possible, un rôle d’exécution. A cet égard, le nom de pouvoir exécutif, par lequel on désigne un des aspects de la puissance souveraine, a singulièrement contribué à fausser les idées. L’Etat n’est pas un entrepreneur de services publics, ce qui serait l’assimiler aux industriels qui se chargent à forfait des travaux de la cité. L’Etat, soit qu’il édicte, soit qu’il agisse ou surveille, est le générateur et le directeur suprême du mouvement; si parfois il met la main à la manœuvre, c’est à titre de première manifestation, pour donner l’impulsion et poser un exemple. La création opérée, l’installation ou l’inauguration faite, l’Etat se retire, abandonnant aux autorités locales et aux citoyens l’exécution du nouveau service[39]. »

Proudhon pense ici aux services suivants: « […] routes, canaux, tabacs, postes, télégraphes, chemin de fers, etc. […] », mais aussi à la création de la monnaie, donc aux « banques nationales, institutions de crédit, de prévoyance, d’assurance […][40]« .

Concrètement, Proudhon prend en exemple la Suisse après 1848, seul Etat démocratique en Europe en 1863, date à laquelle Proudhon écrit son « Du principe fédératif ».

Pour limiter le pouvoir de l’Etat fédéral, Proudhon lui oppose celui des provinces ou départements.

Proudhon garde donc le suffrage universel[41] et le principe de l’élection des députés des conseils municipaux, des conseils ou gouvernements de provinces, et même d’un parlement national[42].

Mais dans Les Démocrates assermentés et les réfractaires[43], il pose les bases du refus de toute participation aux élections lorsqu’elles sont truquées, dévoyées par le pouvoir bonapartiste, détournées par le système capitaliste, manipulées par ceux qui font et défont les cartes électorales. Il ne condamne pas la démocratie ou le suffrage universel en eux-mêmes mais leur manipulation au profit des intérêts capitaliste et étatique[44].

Pour conclure, Proudhon a même pensé fonder les relations entre des Etats sur le principe fédéraliste, soit une Fédération des Fédérations, qui serait une garantie pour la paix dans le monde.


Notes de bas de page:

  1. « Je dis simplement que le gouvernement fédératif, après avoir réformé l’ordre politique, a pour complément nécessaire une série de réformes à opérer dans l’ordre économique : voici en deux mots en quoi consistent ces réformes. De même qu’au point de vue politique, deux ou plusieurs Etats indépendants peuvent se confédérer pour se garantir mutuellement l’intégrité de leurs territoires ou pour la protection de leurs libertés ; de même, au point de vue économique, on peut se confédérer pour la protection réciproque du commerce et de l’industrie, ce qu’on appelle union douanière ; on peut se confédérer pour la construction et l’entretien des voies de communication, routes, canaux, chemins de fer, pour l’organisation du crédit et de l’assurance, etc. Le but de ces fédérations particulières est de soustraire les citoyens des Etats contractants à l’exploitation capitaliste et bancocratique tant de l’intérieur que du dehors ; elles forment par leur ensemble, en opposition à la féodalité financière aujourd’hui dominante, ce que j’appellerai fédération agricole-industrielle. »P.-J. Proudhon, Du principe fédératif et de la nécessité de reconstituer le Parti de la révolution, E. Dentu, Paris, 1863, p.111
  2. « Ainsi le principe contractuel, beaucoup mieux que le principe d’autorité, fonderait l’union des producteurs, centraliserait leurs forces, assurerait l’unité et la solidarité de leurs intérêts. » P.J. Proudhon, Idée générale de la révolution su XIXème siècle, Garnier frères, Paris, 1851, p. 236.
  3. « Fédéralisme. 1. Système politique dans lequel une pluralité d’Etats indépendants ou d’entités autonomes abandonnent une part de leur souveraineté au profit d’une autorité supérieure. Le fédéralisme s’oppose à l’Etat centralisé. Dans une fédération, le degré d’intégration des différentes parties est plus grand que dans une confédération. 2. Doctrine favorable à ce système. Du principe fédératif (1863) de P.-J Proudhon (1809-1865) en est la première théorisation systématique. » Christian Godin, Dictionnaire de philosophie, Librairie Arthème Fayard, Editions du Temps, 2004, p. 494.
  4. La Suisse a l’un des systèmes politiques qui offre le plus de droits politiques aux citoyens, avec son système d’initiatives et de référendums, encore renforcé par le fédéralisme. Comment cela se fait-il alors, que le système politique soit dominé par une oligarchie politico-économique, largement en faveur du système économique néolibéral, car issue de ses rangs ? Même si le gouvernement ou le parlement suisse voulaient changer les choses, les décisions importantes seraient prises ailleurs, comme (presque) partout dans le monde, sans aucun contrôle démocratique : ce sont les multi- ou transnationales qui les prennent à leur guise. Leur seul critère est, car leur survie en dépend : produire à moindre coût, être rentable. A cause de cet état de fait, la démocratie suisse subit le même effet (mais dans une moindre mesure) que les autres démocraties occidentales : une partie grandissante de la population ne vas plus voter, ce qui remet en question la valeur « démocratique » de ce système. Et crée un terrain favorable aux partis populistes voire anti-démocratiques.
  5. P.-J. Proudhon, Du principe fédératif et de la nécessité de reconstituer le Parti de la révolution, E. Dentu, Paris, 1863, p.107.
  6. Proudhon se déclare « anarchiste », selon sa définition : « […] la notion d’anarchie, en politique, est tout aussi rationnelle et positive qu’aucune autre. Elle consiste en ce que, les fonctions politiques étant ramenées aux fonctions industrielles, l’ordre social résulterait du seul fait des transactions et des échanges. Chacun pourrait se dire autocrate de lui-même, ce qui est l’extrême inverse de l’absolutisme monarchique.» P.-J. Proudhon, Du principe fédératif et de la nécessité de reconstituer le Parti de la révolution, op. cit., p. 20. A partir de 1858 il nuance ces idées et défend l’idée d’un état fédéraliste.
  7. Cette problématique préoccupe les philosophes qui ont pensé le concept de société démocratique depuis l’Antiquité : « Un tel dévoiement du gouvernement populaire, lequel en lui-même peut ne pas être défavorablement jugé (Aristote, Polit., III, 11 ; Platon, Lettre VII, 324 d) a sa possibilité, sinon sa nécessité, inscrite dans les deux  Axiomes (Aristote) de la démocratie, la liberté et l’égalité. La liberté, fin de la démocratie  (Aristote, Rhétorique, I, 8) désigne l’indépendance juridique et politique. […] La liberté, comprise dans une perspective démocratique, est  fondée  sur l’égalité. (Polit, VI, 2, 4), tant il est vrai qu’il n’est pas de liberté qui ne soit égale  (Cicéron, De Rep., I, 47). » CHRISTIAN GODIN, Dictionnaire de philosophie, Librairie Arthème Fayard, Editions du temps, 2004, p. 150.
  8. « En résumé, la Société que devait créer la Révolution en 89 n’existe pas, elle est à faire. Ce que nous avons eu depuis soixante ans n’est qu’un ordre factice, superficiel, couvrant à peine l’anarchie et la démoralisation la plus épouvantable. » P.-J. Proudhon, Idée générale de la révolution au XIXème siècle, Paris, C. Marpon et E. Flammarion, 1851, p. 42.
  9. « Au moment où Proudhon écrivit son mémoire, les lois de l’époque révolutionnaire et le Code Napoléon avaient donné à la propriété privée le caractère d’un droit absolu, comme en droit romain (jus utendi, fruendi et abutendi) : le propriétaire pouvait en toute liberté jouir de son bien, en percevoir les fruits, en « abuser » même, c’est à dire en disposer à son gré, et même le détruire ; il n’était soumis à aucun autre contrôle que celui résultant des lois strictement interprétées .» Emile James, «Introduction», in Proudhon, Qu’est-ce que la propriété ? Garnier Flammarion, Paris, 1966, pp. 25-26.
  10. « En résumant toutes ces données sous une expression générale : Qu’est-ce que le principe de l’hérédité ? Quels sont les fondements de l’inégalité ? Qu’est-ce que la propriété ? Tel est, messieurs, l’objet du mémoire que je vous adresse aujourd’hui. » Proudhon, Qu’est-ce que la propriété? op. cit. p. 27.
  11. Proudhon, Qu’est-ce que la propriété ? op. cit. p.57
  12. Il existe au moins trois courants dans la pensée constructive des anarchistes : les anarchistes individualistes, les anarchistes collectivistes et les anarchistes communistes. Bakounine et Kropotkine appartiennent à ce dernier groupe.
  13. « Il en est pas ainsi, par exemple, dans la société universelle de biens et des gains, autorisé par le Code civil, autrement dite communauté, image en miniature de tous les Etats absolus. Celui qui s’engage dans une association de cette espèce, surtout si elle est perpétuelle, est entouré de plus d’entraves, soumis à plus de charges qu’il ne conserve d’initiative. Mais c’est aussi ce qui fait la rareté de ce contrat, et ce qui dans tous les temps a rendu la vie cénobitique insupportable. Tout engagement, même synallagmatique et commutatif, qui, exigeant des associés la totalité de leurs efforts, ne laisse rien à leur indépendance et les dévoue tout entiers à l’association, est un engagement excessif, qui répugne également au citoyen et à l’homme. » P.-J. PROUDHON, Du Principe fédératif et de la nécessité de reconstituer le parti de la révolution, op. cit., p. 68.
  14. « Yet anarchists rejected the mutualist notion that a noncapitalist sector could gradually and peacefully overturn the existing order. Bakunin maintained that cooperatives could not compete with « big Bussiness and the industrial and commercial bankers who constitute a despotic, oligarchic monopoly. A noncapitalist sector could not, therefore, transform society by defeating the capitalist sector at its own game.On the contrary, the capitalist sector would conquer the noncapitalist one : economic pressures would leave cooperatives to hire wage labour, resulting in exploitaition and a « bourgeois mentality ». M. Bakunin, « On the Cooperative Movement », in Bakunin on Anarchism, ed.S. Dolgoff, Montréal, Black Rose, 1980, p. 399 ; cité par Michaël Schmidt and Lucien van der Walt, in Black Flame, A.K.Press, UK, Edinburgh, p.84.
  15. Une communauté est un groupe de gens vivant et travaillant ensemble dans le même lieu de vie, basé sur des valeurs et des buts communes, et n’exclue pas l’idée d’hiérarchie, et donc d’un chef, comme par exemple dans les monastères ; un atelier autogéré est uniquement un lieu de travail, et ici l’idée d’hiérarchie entre les membres est exclu par le principe d’égalité contenu dans l’idée même du mot « autogestion », ce qui veut dire « géré par tous ».
  16. « L’expérience montre, en effet, que partout et toujours le gouvernement, quelque populaire qu’il ait été à son origine, s’est rangé du côté de la classe la plus éclairée et la plus riche contre la plus pauvre et la plus nombreuse, qu’après s’être montré quelque temps libéral, il est devenu peu à peu exceptionnel, exclusif, enfin, qu’au lieu de soutenir la liberté et l’égalité entre tous, il a travaillé obstinément à les détruire, en vertu de son inclination naturelle au privilège.» P.-J. Proudhon, Idée générale de la révolution au XIXème siècle, op. cit. p.111.
  17. « Par régime industriel, nous entendons, non point une forme de gouvernement où les hommes adonnés aux travaux de l’agriculture et de l’industrie, entrepreneurs, dominante, comme furent jadis la noblesse et le clergé ; mais une constitution de la société ayant pour base, à la place de la hiérarchie des pouvoirs politiques, l’organisation des forces économiques. » P.-J. PROUDHON, Du Principe fédératif et de la nécessité de reconstituer le parti de la révolution, op. cit. p. 177.
  18. P. Ansart, La sociologie de Proudhon, Paris, PUF, 1967, p. 131.
  19. « Ainsi l’école saint-simonienne, dépassant la donnée de son fondateur, a produit un système ; Fourrier, un système, Owen, un système, Cabet, un système, Pierre Leroux, un système, Louis Blanc, un système, comme Babeuf, Morelly, Thomas Morus, Campanelle, Platon, et autres, leurs devanciers, partis chacun d’un principe unique, avaient enfanté des systèmes. Et tous ces systèmes, exclusifs les uns des autres, le sont également du progrès. Périsse l’humanité plutôt que le principe ! C’est la devise des utopistes comme des fanatiques de tous les siècles. Le socialisme, interprété de la sorte, est devenu une religion […]. » P.-J. Proudhon, Idée générale de la révolution au XIXème siècle, op. cit. p.79.
  20. « Mais pour exprimer l’avenir, pour réaliser les promesses, il faut des principes, un droit, une science, une politique, toutes choses dont la Révolution semblait avoir posé les bases. Or voici que, chose inouï, la Démocratie se montre infidèle à elle-même; elle a rompu avec ses origines, elle tourne le dos à ses destinées. » P.-J. PROUDHON, Du Principe fédératif et de la nécessité de reconstituer le parti de la révolution, op. cit. p. 10.
  21. P.-J. Proudhon, Idée générale de la révolution au XIXème siècle, op. cit. pp.235-236.
  22. Proudhon, Du Principe fédératif et de la nécessité de reconstituer le parti de la révolution, op. cit.
  23. Proudhon, Du Principe fédératif et de la nécessité de reconstituer le parti de la révolution, op. cit. p.64.
  24. Ibid.
  25. P.-J. Proudhon, Du Principe fédératif et de la nécessité de reconstituer le parti de la révolution, op. cit., p.66.
  26. Ibid, p.67
  27. « Ainsi condamnée à une existence pacifique et modeste, jouant sur la scène politique le rôle le plus effacé, il n’est pas étonnant que l’idée de Fédération soit demeurée jusqu’à nos jours comme perdue dans la splendeur des grands Etats. » P.-J. Proudhon, Du Principe fédératif et de la nécessité de reconstituer le parti de la révolution, op. cit. p. 89.
  28. P.-J. PROUDHON, Du Principe fédératif et de la nécessité de reconstituer le parti de la révolution, op. Cit. p. 75.
  29. Le système démocratique fédéral a comme principe de fonctionnement la subsidiarité : « Mécanisme de délégation de pouvoir au sein d’ensembles politiques de type fédéral ou confédéral. Selon le principe de subsidiarité tel qu’il est formulé pour la première fois par Thomas d’Aquin (1225-1274), on ne légifère au niveau supérieur que si l’action au niveau inférieur est moins efficace ou moins profitable [….]. » Christian Godin, op. cit. p. 1265.
  30. P.-J. PROUDHON, Du Principe fédératif et de la nécessité de reconstituer le parti de la révolution, op. Cit. p. 68.
  31. À lire sur ce sujet: Ingeborg Brandies, « Pierre Joseph Proudhon », in Achim von Borries & Ingeborg Weber-Brandies (Hg), Anarchismus. Théorie, Kritik, Utopie, Verlag Graswürzelrevolution, Bremen, 2007, p.398.
  32. « Proudhon est l’un des penseurs les plus globaux des anarchistes, qui a fondé durablement les idées anarchistes de l’autogestion de la production (=coopératives), appelées aussi le mutuellisme. Selon Bakounine, l’anarchisme est du « Proudhonisme développé » », W. E. B. DuBois, The Souls of Black Folk, based on the 1953 rev. ed. (1903 ; repr., New York ; Bantam, 1989), xxxi, 7-8., cité in Michaël Schmidt et Lucien van der Walt, Black Flame, The Revolutionary Class Politics of Anarchism and Syndicalism, Counter-Power volume 1, AK Press, Oakland, 2209, p.84.
  33. « Considérée en elle-même, l’idée d’une fédération industrielle servant de complément et de sanction à la fédération politique, reçoit la confirmation la plus éclatante des principes de l’économie. C’est l’application sur la plus haute échelle des principes de mutualité, de division du travail et de solidarité économique, que la volonté du peuple aurait transformé en lois de l’Etat. Que le travail reste libre; que le pouvoir, plus mortel au travail que la communauté elle-même, s’abstienne d’y toucher: à la bonne heure. Mais les industries sont sœurs; elles sont des démembrements les unes des autres; l’une ne peut souffrir sans que les autres pâtissent. Qu’elles se fédèrent donc, non pour s’absorber et se confondre, mais pour se garantir mutuellement les conditions de prospérité qui leur est communes et dont aucune ne peut s’arroger le monopole. En formant un tel pacte, elles ne porteront point atteinte à leur liberté; elles ne feront que lui donner plus de certitude et de force. Il en sera d’elles comme dans l’Etat il en est des pouvoirs, et dans l’animal des organes, dont la séparation fait précisément la puissance et l’harmonie. » P.-J. PROUDHON, Du Principe fédératif et de la nécessité de reconstituer le parti de la révolution, op. cit. p. 113.
  34. « Le contrat de fédération, dont l’essence est de réserver toujours plus aux citoyens qu’a l’Etat, aux autorités municipales et provinciales plus qu’à l’autorité centrale, pouvait seul mettre sur le chemin de la vérité. » P.-J. PROUDHON, Du Principe fédératif et de la nécessité de reconstituer le parti de la révolution, op. cit. p.77.
  35. Proudhon prend comme exemple l’organisation politique de la Suisse de 1848; P.-J. PROUDHON, Du Principe fédératif et de la nécessité de reconstituer le parti de la révolution, op. cit. pp. 103-104.
  36. « Ainsi y aurait-t-il en quelque sorte deux Proudhon : l’un, mutuelliste et anarchiste, dans la plupart de ses œuvres, l’autre, fédéraliste […]. » Bernard Voyenne, Le fédéralisme de P.J. Proudhon, Presses d’Europe, Nice, 1973, p.16.
  37. P.-J. PROUDHON, Du Principe fédératif et de la nécessité de reconstituer le parti de la révolution, op. cit. p. 77.
  38. Ibid., p, 78.
  39. « Dans chacun des Etats confédérés, le gouvernement est organisé selon le principe de la séparation des pouvoirs: l’égalité devant la loi et le suffrage universel en forment la base. » P.-J. PROUDHON, Du Principe fédératif et de la nécessité de reconstituer le parti de la révolution, op. cit. p. 315.
  40. Ibid., p. 82.
  41. P.J.-Proudhon, Les Démocrates assermentés et les réfractaires, E. Dentu, Paris, 1863.
  42. https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre-Joseph_Proudhon, consultée le 14 février 2022